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Une ressource en matière de planification de carrière et d’emploi pour les personnes aveugles ou ayant une vision partielle

Préoccupations de l’employeur : Se déplacer quand on vit avec une perte de vision

Vous avez sûrement déjà vu des personnes aveugles ou ayant une vision partielle marcher avec une canne longue, une canne blanche ou un chien guide, ou encore en tenant le bras (ou l'épaule, dans certaines cultures) d'une personne voyante. La canne, le chien guide et le compagnon voyant sont tous des outils de mobilité, qui ont pour but d'aider la personne vivant avec une perte de vision à se déplacer en sécurité dans son environnement. C'est ce qu'on appelle en jargon professionnel la mobilité.

Par ailleurs, pour aller d'un endroit à un autre, les personnes doivent savoir où elles sont et comment se rendre là où elles veulent aller. C'est ce qu'on appelle l'orientation. La personne qui est formée pour enseigner ces habiletés aux personnes aveugles ou ayant une vision partielle s'appelle un spécialiste de l'orientation et de la mobilité (on utilise aussi parfois les titres instructeur, formateur ou consultant).

Conseils concernant l'orientation et la mobilité 

L'orientation au travail consiste à apprendre les principaux itinéraires des travailleurs dans l'immeuble ou l'environnement où ils travaillent. Bien que l’employé puisse obtenir l'aide d'un spécialiste de l'orientation et de la mobilité, il vous incombe de désigner à votre employé et au spécialiste les principaux espaces, par exemple son bureau ou son poste de travail, les salles de toilette, l'aire de repos ainsi que la cafétéria et le coin repas. 

Où sont les autres endroits importants? Où sont les bureaux du chef de service et des collègues? Où est le secrétariat? Où sont les services du personnel, de la comptabilité, de la paie? Où sont les sorties de secours? Y a t il des zones à accès restreint? Y a t il des zones où il existe des risques pour la santé? Il faut désigner toutes ces zones à la personne et déterminer les itinéraires les plus appropriés.

Ce ne sont là que des suggestions de questions auxquelles il faut réfléchir avant de débuter. Le travailleur vivant avec une perte de vision et le personnel formé à cette fin vous aideront à déterminer quels sont les itinéraires à maîtriser et dans quel ordre. Cependant, si vous pouviez réfléchir à l'aménagement de votre lieu de travail et à l'emplacement des zones les plus importantes, cela serait très apprécié.

La canne qu’utilisent pour marcher les personnes vivant avec une perte de vision leur permet de repérer les objets comme les bordures de trottoir, les escaliers et les meubles. Une fois qu’elles se sont orientées, les personnes qui utilisent une canne peuvent se déplacer dans un espace sans aide et, quand elles ont appris à bien connaître cet espace, elles n'ont pas toujours besoin de leur canne pour aller d'un endroit à l'autre.

Elles peuvent alors utiliser simplement des techniques consistant à se protéger (une main à mi corps et une autre au visage) ou à longer une structure (en suivant avec la main un mur ou un autre ouvrage permanent pour trouver leur chemin). 

Il est important de savoir qu'il ne faut pas saisir une personne ou sa canne quand elle se déplace. Les messages verbaux directionnels sont beaucoup plus utiles. Par ailleurs, ces messages ne doivent pas être vagues : par exemple, ne dites pas « la table est par là », mais plutôt « la table est à environ un mètre à votre gauche ». N'oubliez pas d'indiquer la direction par rapport à la position de l'autre personne et non à la vôtre. 

Comme les personnes qui se servent d'une canne blanche, celles qui utilisent un chien guide peuvent se déplacer de façon autonome après qu’on leur a indiqué une direction. Il faut toutefois comprendre que c'est la personne qui indique à son animal où aller et la façon d'y arriver; le chien n'est qu'un outil de mobilité.

Si un de vos employés utilise un chien guide, il faut que vous et ses collègues compreniez que son chien n'est pas un animal de compagnie. Il ne faut pas caresser un chien guide ou jouer avec lui quand il « travaille » (c'est-à-dire tant qu'il a son harnais). Il ne faut pas non plus le nourrir. Votre employé vous permettra peut-être de caresser son animal quand il se repose, mais demandez toujours la permission avant de toucher un chien guide.

De même, il ne faut pas appeler un chien guide qui fait son travail ou lui parler, car cela pourrait le distraire. Il ne faut pas non plus saisir son harnais : cela peut être dangereux tant pour le chien que pour son maître.

Quand elle se déplace avec l’aide d’un guide voyant, la personne vivant avec une perte de vision place sa main un peu au dessus du coude de ce dernier et se laisse guider. La personne qui voit ne doit pas tenir le coude de la personne qu’elle guide et la pousser. Elle ne doit pas non plus lui prendre le bras ou la main et la tirer. Si vous servez de guide à une personne vivant avec une perte de vision, tendez lui votre coude et n'oubliez pas de lui signaler les obstacles, comme les branches basses.

Quand vous arrivez à un escalier, arrêtez, puis commencez à monter ou à descendre pas plus d'une marche devant la personne que vous guidez. Il est par ailleurs sage de lui indiquer où se trouve la rampe de l'escalier. Lorsque vous êtes sur le point d'entrer dans un immeuble ou dans une pièce ou d'en sortir, il est aussi sage d’indiquer à la personne que vous guidez de quel côté sont les charnières et si la porte s'ouvre vers l'intérieur ou l'extérieur. 

Un autre aspect de l'orientation, qui ne concerne aucun spécialiste de l'orientation et de la mobilité ou autre, est la présentation de votre employé à ses collègues. Le rituel des présentations est important pour tous les nouveaux employés et il ne doit pas être négligé quand le nouvel employé vit avec une perte de vision.

Parfois, quand on présente des personnes aveugles ou ayant une vision partielle à des personnes qui n'en ont jamais côtoyées, elles parlent à la personne qui fait les présentations, plutôt que directement à l'intéressé. Cela est non seulement inutile, mais même humiliant. Parlez directement à la personne qu’on vous présente, comme vous le feriez avec n'importe qui d'autre.

Présentez le personnel occupant les postes clés à votre nouvel employé. Ne vous attendez toutefois pas à ce qu’une personne aveugle ou vivant avec une perte de vision puisse reconnaître immédiatement chacun, y compris vous. Il est important de vous identifier chaque fois que vous adressez la parole à une personne vivant avec une perte de vision, jusqu'à ce qu'elle vous dise que c'est devenu inutile.

Avec le temps, la personne reconnaîtra la voix de bon nombre de personnes sans qu'elles aient à s'identifier chaque fois. Enfin, ne mettez pas fin à une conversation ou ne sortez pas de la pièce sans en informer votre interlocuteur, qui peut ne pas se rendre compte que vous êtes parti.

Les employeurs s'inquiètent souvent du fait que les personnes vivant avec une perte de vision ne peuvent pas conduire. À cet égard, il faut se rendre compte que la plupart de ces travailleurs ont dû faire face à des problèmes de transport toute leur vie durant. Beaucoup décident de se loger à distance de marche de leur lieu de travail ou à un endroit où elles peuvent facilement se rendre au travail en transport en commun. S'il existe un système de transport en commun adéquat dans votre collectivité, votre travailleur l’utilisera très probablement.

En règle générale, les services de transport adapté assurent le transport des personnes ayant une mobilité réduite, y compris des personnes aveugles, de porte à porte. La situation se complique dans les collectivités où il n’y a ni services de transport en commun ni services de transport adapté. Certains travailleurs font connaître leur désir de s'associer à un groupe de covoiturages et paient une partie du carburant au conducteur.

D'autres engagent des chauffeurs pour faire la navette entre leur domicile et leur lieu de travail et pour d'autres déplacements ou encore prennent le taxi. Les méthodes varient selon les préférences de chacun. Il incombe au travailleur d'organiser ses déplacements quotidiens entre chez lui et son travail, mais vous pouvez l’aider en vous informant si certains de ses collègues seraient intéressés à faire du covoiturage. ​​