Se renseigner au sujet des possibilités de carrière
La majeure partie de ce que l’enfant moyen sait sur les carrières et les professions a été acquise par apprentissage incident. Il importe donc de commencer à initier les enfants vivant avec une perte de vision aux carrières et professions dès leur naissance.
Lorsqu’il est difficile ou impossible à un bébé ou à un jeune enfant de voir ce qui se passe ou de distinguer la personne qui exécute une tâche et les outils qu’elle utilise, il faut lui décrire la scène verbalement ou lui permettre d’en prendre connaissance de façon tactile. On rapporte que l’éducateur de renom, Berthold Lowenfeld, avait coutume d'affirmer : « L’enfant aveugle a le bout de ses doigts pour horizon. »
Cet énoncé tout simple illustre bien les limites en matière d’apprentissage avec lesquelles doit composer une personne ne possédant pas une bonne vision. Il lui est difficile d’apprendre quoi que ce soit au sujet des choses ou des personnes qui sont hors de sa portée.
Il nous faut donc faire un effort concerté pour apprendre aux enfants vivant avec une perte de vision depuis la naissance les rôles que jouent et les tâches qu’exécutent les personnes qu’ils ne peuvent pas voir, qu’il s’agisse de leurs parents, d’autres membres de leur famille, de voisins ou des autres membres de la collectivité. Nous devons aussi nous assurer qu’ils comprennent quelles sont les responsabilités de ces différents travailleurs et les modalités d’exécution de leurs tâches : quels outils ils utilisent, quels uniformes ils portent, quels horaires ils doivent respecter, quel est leur milieu de travail, etc.
Apprendre à exécuter des tâches
Lorsqu’une personne accepte une offre d’emploi, on s’attend à ce qu’elle possède à son arrivée en poste les connaissances, les compétences et les habiletés nécessaires pour exécuter ses tâches de façon quasi autonome.
On s’attend également à ce qu’elle possède les capacités de base (lecture, écriture, calcul, expression orale et écoute) nécessaires pour satisfaire aux exigences du poste et à ce qu’elle maîtrise les connaissances ou techniques (techniques acquises en cours d’emploi ou dans le cadre d’un cours de formation professionnelle concernant, par exemple, la conduite d’une machine ou le mélange des ingrédients entrant la composition d’un produit) nécessaires pour exécuter les fonctions du poste qu’elle a accepté.
La présente section décrit les compétences et connaissances que les enfants, les jeunes et les adultes vivant avec une perte de vision doivent acquérir à la faveur de leur apprentissage et de leur éducation pour accomplir les tâches qui leur seront confiées à la maison, à l’école et, en dernier recours, sur le marché du travail. Bon nombre de ces compétences et connaissances seront acquises des années avant l’entrée sur le marché du travail. Nous verrons dans les paragraphes qui suivent quels sont ces apprentissages.
Apprentissages précoces
Les employeurs ne s’attendent pas à ce que vous leur racontiez toutes les expériences d’apprentissage que vous avez vécues depuis votre naissance, mais ils s’attendent à ce que vous possédiez les compétences de base que la plupart des enfants acquièrent alors qu’ils sont encore tout petits.
Ce que vos parents et les autres personnes importantes dans votre vie vous enseignent dans l’enfance constitue le socle sur lequel s’érigera l’adulte que vous deviendrez. Les parents sont en général nos premiers professeurs. Ils nous apprennent à prendre soin de nous, à participer aux tâches domestiques en ramassant nos jouets et nos vêtements et nous enseignent les bonnes manières.
Malheureusement, il est fréquent que les parents d’enfants lourdement handicapés estiment qu’ils doivent établir des règles et nourrir des attentes différentes pour ces derniers. Cela peut se révéler préjudiciable dans la mesure où ces parents ont tendance à faire les choses pour leurs enfants plutôt que de leur enseigner à les faire eux-mêmes. Idéalement, il faudrait que les adultes laissent les enfants faire seuls tout ce dont ils sont capables afin de leur permettre de vivre une gamme complète d’activités d’apprentissage.
Robert Fulghum avait jusqu’à un certain point raison d’insister sur l’importance des apprentissages précoces. Bien que nombre de ces apprentissages, par exemple ceux concernant l’importance des aptitudes sociales, les techniques d’organisation et la résolution de problème, se fassent à la maternelle et au niveau préscolaire, le primaire et le secondaire offrent l’occasion de renforcer ces compétences et d’acquérir des connaissances et de l’information sur le monde à l’extérieur.
L’école permet non seulement d’acquérir des compétences élémentaires en lecture, écriture, calcul, écoute et expression orale, elle enseigne aussi les nuances de la langue, y inclus des langues autres que la langue maternelle. On y enseigne aussi les mathématiques, les sciences, l’histoire, la géographie, les sciences de la santé et nombre d’autres matières essentielles. Qui plus est, les élèves ont la possibilité d’y appliquer ce qu’ils sont appris, en participant aux activités en classe, en faisant leurs devoirs et en participant à des projets d’apprentissage avec leurs camarades.
Les enfants vivant avec une perte de vision doivent apprendre à se débrouiller dans un univers visuel pour pouvoir tirer leur épingle du jeu dans les classes d’enseignement général, se préparer à vivre de façon autonome et finalement assumer des responsabilités d’adultes. L’apprentissage structuré qu’ils doivent entreprendre est désigné par les professionnels (enseignants et fournisseurs de services connexes tels qu’ergothérapeutes, physiothérapeutes et orienteurs) sous le nom de formation au choix de carrière.
Ce que les employeurs recherchent
La majorité des employeurs ne s’intéressent pas aux diplômes comme tels, ils veulent avant tout savoir si vous avez persévéré et complété les programmes dans lesquels vous vous êtes inscrits. Si vous avez obtenu des notes exceptionnelles (surtout des A et quelques B), ça ne peut pas nuire de mentionner que vous étiez un bon élève. Ils accordent toutefois davantage d’importance au fait que vous ayez décroché votre diplôme qu’à la note moyenne que vous avez obtenue.
Ils veulent aussi savoir si vous avez étudié dans un domaine en lien avec les emplois que vous postulez. Par exemple, si vous postulez un emploi lié à la comptabilité, il est important de signaler les cours de tenue de livres, de mathématiques commerciales, de vérification et de comptabilité que vous avez suivis, et non pas les cours de musique, d’histoire de l’art ou d’éducation physique.
L’apprentissage expérientiel est plus important que les diplômes obtenus et les cours suivis. Le fait de posséder une expérience de travail pertinente est considéré par la plupart des employeurs comme l’atout le plus précieux. De même, le fait d’entendre un ancien employeur affirmer que vous pouvez faire le travail pèse lourd dans la balance.
Compétences permettant de compenser la déficience
Enfin, les personnes vivant avec une perte de vision doivent être capables de faire appel à des techniques non visuelles pour faire leur travail. Vous aurez donc intérêt à passer en revue les compétences qui vous permettent de compenser votre déficience comme la lecture et l’écriture braille, l’utilisation de dispositifs optiques, les habiletés en orientation et mobilité, l’utilisation de technologies adaptées, etc. Vous devez vous assurer que vous maîtrisez suffisamment bien ces compétences pour pouvoir vous intégrer à votre milieu de travail. Il est peu probable qu’un employeur sache comment une personne vivant avec une perte de vision peut arriver à se débrouiller dans un univers essentiellement visuel. Il vous appartiendra donc de lui expliquer comment vous vous y prenez pour faire les choses différemment, et de façon compétente.